Intégration de la sécurité dès la conception
Le plan d’action « sécurité machine » de la CNESST lancé en 2005 a certainement engendré une conscientisation et une amélioration de la sécurité de beaucoup d’équipements au Québec, bien que du chemin reste à parcourir. Il incombe aux propriétaires de s’assurer que leurs équipements soient sécuritaires. C’est la loi (LSST, 2020).
Ils ont donc le choix entre modifier leurs propres équipements, acquérir de l’équipement neuf, généralement plus sécuritaire, ou bien de l’équipement d’occasion qu’il faudra ensuite possiblement modifier aussi.
La sécurisation d’un équipement existant comporte son lot de difficultés. D’une part, les coûts sont importants entre l’ingénierie, la fabrication et l’installation. D’autre part, modifier un équipement existant implique de devoir faire avec des éléments qui ne peuvent être modifiés. Des technologies anciennes ne permettent parfois pas d’intégrer des mesures correctives plus modernes et efficaces. Mais aussi, et plus généralement, il est rarement donné aux intégrateurs d’utiliser la méthode la plus efficace recommandée par les normes, à savoir la prévention intrinsèque (suppression ou réduction du risque par conception) (ISO 12100, 2010; CSA Z432, 2016).
Par ailleurs, les enquêtes révèlent régulièrement une lacune au niveau de la conception comme une des causes des accidents analysés (Chinniah et coll., 2019). Or, selon l’article 63 de la LSST, « nul ne peut fabriquer, fournir, vendre, louer, distribuer ou installer un produit, un procédé, un équipement, un matériel, un contaminant ou une matière dangereuse à moins que ceux-ci ne soient sécuritaires et conformes aux normes prescrites par règlement. » Les fabricants sont donc aussi plus ou moins directement imputables dans la sécurisation de leurs équipements.
Bien que les normes soient de plus en plus complètes et que les connaissances en matière de démarche de prévention aient beaucoup évolué, la mise en pratique n’est pas toujours simple, même pour les fabricants. Ils se voient souvent pénalisés dans les coûts et les délais (De La Garza, 2005; Ghemraoui et coll. 2009). C’est du moins le cas lorsque la sécurité est abordée séparément de l’aspect fonctionnel, voire seulement en fin de projet et donc avec une approche corrective. Le fabriquant se retrouve alors lui-même quasiment dans la même situation qu’un intégrateur qui doit mettre à niveau un équipement existant.
Une étude publiée en 2019, s’est intéressée aux pratiques et besoins de fabricants du Québec (Chinniah et coll., 2019). Les fabricants participant à l’étude étaient très au fait des approches normatives d’appréciation et de réduction du risque. Cependant, une pression venant des clients qui demandent le strict minimum de sécurité et des prix compétitifs, incite souvent les fabricants à privilégier des mesures simples et plus économes comme des protecteurs. Cependant, certains ont réussi à démontrer que l’intégration de dispositifs de protection tels que des rideaux optiques, par exemple, devient un avantage en facilitant l’utilisation de leurs équipements. Un équipement plus facile et plus convivial au quotidien favorisera la productivité. En effet, une intégration harmonieuse de la sécurité dès la conception a un potentiel effet positif notamment sur la rétention du personnel, la durée des interventions ou les besoins d’interventions. L’étude a aussi montré que le contournement des moyens de protection (bypass) est une préoccupation largement répandue parmi les fabricants. Or, outre les façons de faire et moyens techniques décrits dans les normes, l’adéquation des mesures de réduction du risque avec les besoins des utilisateurs a un impact positif majeur sur ce phénomène.
Les fabricants ont, comme expliqué précédemment, plus de marge de manœuvre pour cela. Néanmoins, ce principe s’applique aussi à toute personne voulant sécuriser un équipement existant. Il est conseillé de prendre le temps de bien concevoir les mesures de réduction du risque en fonction des besoins des utilisateurs (opérateur, mécanicien, etc.) pour assurer une protection efficace, durable et bien accueillie.
Références :
Chinniah, Y., Gauthier, F., Abdul-Nour, G., Jocelyn, S., Aucourt, B., Bordeleau, G. (2019). Étude exploratoire sur les pratiques des fabricants de machines au Québec en lien avec l’intégration de la sécurité des machines dès leur conception. IRSST, Rapports scientifiques, R-1082
CSA Z432 (2016). Protection des machines
De La Garza, C. (2005). L’intégration de la sécurité lors de la conception de machines à risques pour les opérateurs : comparaison de logiques différentes de conception. PISTES, vol 7, n°1, 17
Ghemraoui, R., Mahieu, L., Tricot, N. (2009). Design method for systematic safety integration», CIRP Annals – Manufacturing Technology – vol 58, pp 161-164
ISO 12100 (2010). Sécurité des machines — Principes généraux de conception — Appréciation du risque et réduction du risque
Loi sur la santé et la sécurité du travail (2020)
Règlement sur la santé et la sécurité du travail (2020)
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Intervention Prévention œuvre dans le domaine de la sécurité au travail en offrant des services spécialisés répondant aux normes CSA Z462 – Sécurité électrique en milieu de travail, CSA Z460 – Maîtrise des énergies dangereuses : Cadenassage et autres méthodes, et CSA Z432 – Protection des machines. Nos domaines d’expertise sont donc reliés au cadenassage, à la sécurité électrique et à la sécurité machine. La satisfaction de nos clients est le gage de notre compétence
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